dimanche 16 septembre 2012

Pèlerin



Sans commentaires... pour une fois.

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Christine et Sahshâ

 Quand Christine rencontre Sahshâ... C'était il y a neuf mois... et seize tableaux plus tard, beaucoup d'huile ayant été jetée sur les mots, nous allons faire une légère pause, le temps de rapatrier les toiles (comme on plie les voiles) vers la Métropole, Niort, la nouvelle rive... Rapatriement ou exil ? Ces tableaux ont été peints à la Réunion, parce qu'il ne fallait pas partir sans un accomplissement. Mais l'artiste n'a d'autres frontières que les siennes, d'autres limites que ce qu'il crée. Merci aux accompagnants de cette belle aventure. Merci à celles et ceux qui suivront les nouvelles étapes déjà en marche...
Un photographe et un pèlerin heureux...
Laurent  

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Yoga



Yoga, huile sur toile 55X46 cm, septembre 2012.

Ce tableau aurait pu s'intituler les deux lunes, ou les quatre éléments... L'eau, la terre, le feu, le vent... Un ciel aux mauves incandescents, où perce Vénus, l'étoile du matin, face à une Lune maternelle, de craie, de lait, d'écaille, que des oiseaux dont le plumage capte ces reflets, traversent ou fuient... Apocalypse ? Un volcan s'est réveillé, et dans la clarté lunaire, qui déchire la toile comme un chemin rassurant, déverse des entrailles telluriques une blessure féminine, fusion sur les collines coniques et glabres... La Lune se mire dans une eau verte, opaque, tandis que quatre yoginis exécutent sur un sol rouge-sang quelques figures cycliques pour apaiser les éléments, les restituer à la fluidité du monde : la charrue, le cobra, l'enfant... L'apocalypse est dévoilement, révélation ; le yoga union ; et l'union de tous ces composants, la mer lointaine qui brille, les portes hautes et leurs poignées bleutées, le clair-obscur, la lumière froide sur les corps aux tons boisés, la tête de bouddha de marbre ou de plâtre, le manuel des postures et la plume de l'oiseau-fuite, font que finalement, ce sera le nom de ce tableau : Yoga.
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samedi 18 août 2012

Les Filles de Shambhalla



Les Filles de Shambhalla, huile sur toile, 46X55 cm, août 2012.

De vieilles légendes racontent qu'au royaume de Shambhalla, sept sages prient ou méditent en permanence pour le devenir de l'Humanité. Elles ne disent pas qui sont ces sages, hommes ou femmes, ni quelles sont leurs prières. Par l'interstice d'un rêve, aussi clairement qu'un tableau peint devant mes yeux, j'ai pu pénétrer l'un des arcanes de ce lieu, entrer dans un des temples du royaume. J'y ai alors vu trois femmes, trois filles de Shambhalla. Et trois formes de prière, ou de méditation. J'ai appelé la première : "la prière du chat" ; la deuxième : "la méditation du lotus" ; la troisième : "l'ouverture au serpent". Celui de la Kundalini, de la Connaissance. Mais ce sont-là pures interprétations de ma part. Il y aurait mille choses à dire sur ces trois femmes, sorte de trinité incarnée du monde. Sur leurs mains en particulier, croisées, formant cercle ou paumes ouvertes. Sur le mystère de leur visage, chacun tourné vers une extase particulière, ou de leur tenue, polarités chromatiques, cachant, ou découvrant tour à tour le côté droit et le côté gauche du corps, comme s'il s'agissait d'un seul, unique et multiple ; celui de l'Humanité sur laquelle veillent ces filles de Shambhalla. Le rêve alors s'efface, mais les yeux ouverts, je les vois encore, plein d'une nostalgie immémoriale.
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samedi 28 juillet 2012

Les Babouches d'or



Les Babouches d'or, huile sur toile, 38X46 cm, juillet 2012.

Elle s'avance vers la table de massage, d'un geste souple de la cheville rejette ses babouches d'or, vérifie que ses cheveux sont bien tenus par le ruban carmin que la masseuse lui a donné, et qu'elle porte elle-même d'ailleurs, défait son paréo noir comme son chignon au liseret rouge, libère ses seins, son ventre, ses cuisses, s'allonge sur le meuble large au tissu ocre et doux telle une terre molle et accueillante ; la masseuse lui couvre les pieds, les jambes du paréo ; qu'elle ne prenne pas froid le temps que le mouvement remonte la vallée des reins, comme on tisse la lumière, se courbe à la crête des fesses tel un soleil couchant, et redescende jusqu'à la pointe vertigineuse de ses orteils ; la masseuse au visage si paisible, déjà toute concentration, tout lâcher-prise, garde son propre paréo, plus coloré ; on devine qu'elle-même ne porte rien en dessous ; liberté nécessaire des gestes qu'elle va accomplir ; reconnaissance d'une frontière qui les reliera, au plus profond du corps humain : la peau, pièce de soie close et ouverte au monde. Partage de celle qui donne et reçoit. Elle s'allonge sur le ventre, les bras d'abord en arabesque autour de la tête, elle les alignera ensuite le long de ses flancs ; tourne le visage vers la clarté diffuse des moucharabiehs, qui filtrent l'espace et le temps. La main droite de la masseuse s'est avancée vers le bol rempli d'une huile tiède et parfumée, y a trempé l'index, le majeur et l'annulaire, trilogie de l'onction ; a rejoint la main gauche, mains qui se sont frottées l'une contre l'autre, puis posées calmement sur le dos ; un filet d'huile laisse une première trace le long de la colonne vertébrale, fil d'or, celui des babouches et des moucharabiehs. Le tableau commence à vivre à cet instant-là, inspire et expire, profondément.
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dimanche 22 juillet 2012

Lotus



Lotus, huile sur toile, 14X22 cm, juillet 2012.

Joyau au coeur du lotus. Aum mane padme hum.
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vendredi 6 juillet 2012

Le Rêve du bain



Le Rêve du bain, huile sur toile, 46X38 cm, juillet 2012.

O-furo d'hinoki, double baignoire de cèdre blond, intimité partagée de la cérémonie du thé, voyage silencieux dans une eau verte et chaude aux fleurs parfumées du cerisier d'Haruki. Derrière la cloison d'où filtre la lumière, l'ombre invisible du monde est atténuée, repoussée, bannie. Les corps se détendent, réchauffés pareillement du dehors au dedans : l'imagination se laisse flotter au gré des cinq sens délivrés. Ce thé qu'on avale, ces pétales qu'on égrène. Rêve du bain, sensuel et délivrant, corps-esprit libéré, l'ailleurs est à l'intérieur. 
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jeudi 7 juin 2012

La Sieste



La Sieste, huile sur toile, diptyque 30X60 cm, juin 2012.

Elle coupe en deux la journée, nous plonge dans l'interstice bienheureux des coussins, face à face des velours, peau contre canapé, interrompt la lecture, rouvre le livre des songes, soupir du chien, courte et profonde, beauté intense de la sieste.

jeudi 17 mai 2012

Reflet



Reflet, huile sur toile, 33X41 cm, mai 2012.

Je me suis assis dans le fauteuil vide, j'ai feuilleté l'un des deux livres posés sur le guéridon, regardé secrètement, de trois-quarts et en contre-plongée, cette jeune femme qui vient de se lever, belle, un doigt en marque-page dans le livre qu'elle lisait elle-même, tranquillement nue dans l'intimité de son monde intérieur ; pourquoi s'est-elle levée ? A-t-elle détecté ma présence, voulu vérifier dans le miroir suspendu la réalité de son reflet, après qu'une phrase, un mot peut-être l'eut intriguée sur ce qu'elle était, ce qu'elle montrait dans la vie, à elle et aux autres ? Je n'ose bouger. Le monde extérieur et sa lumière bruissent derrière le volet à moitié clos. Ce guéridon... Victor Hugo l'eût fait tourner. N'est-ce pas l'ombre d'un homme qui se dessine, là, rencognée dans la petite pièce, entre miroir et fenêtre ? Est-ce cette présence que la jeune femme a sentie, pressentie dans sa lecture silencieuse ? Ou bien la mienne, - la même peut-être -, moi qui la regarde, qui suis là secrètement. Non : elle se contemple, elle se rassure de sa propre image, elle va probablement se rasseoir, et je vais continuer à la regarder, dans cette pièce où je me sens désormais si bien, comme un fantôme paisible, à l'abri, reflet.
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samedi 5 mai 2012

L'Entre-deux



L'Entre-deux, huile sur toile, 40X40 cm, mai 2012.

Pèlerinage, vers soi, vers l'autre, ces deux-là, celle-là, c'est ainsi que se lit ce tableau, par le pèlerin que je suis. Car comment se nomme celui qui regarde un tableau ? L'écrivain a son lecteur, le comédien ses spectateurs, le musicien ses auditeurs... Mais le peintre ? Son voyeur, son regardeur ? Pèlerin, c'est la seule réponse. Et là, le pèlerinage commence forcément par la coquille Saint-Jacques, cette conque qui donne sens, le sens et l'essence, l'encens dont la fumerolle nous mène doucement vers l'entre-deux. Entre-deux de cette voyeuse au visage si pur, au regard que dans le sens des aiguilles d'une montre, je suis, je deviens, ces deux-là dans leur intimité, dans leur timidité. Petit couple du Jardin de l'Etat aux baskets délicates, enlacés, croisés, aussi bleus dans la vision qu'une prunelle dilatée. Que voit-elle, que voyons-nous, de ces amours adolescentes ? Protectrice ; sa main serre son genou comme celle du garçon appréhende la taille si fine de son amie. Les jambes se croisent, et les bras. Solitude à deux, à trois, partagée. Un vent doux se lève entre eux, entre-deux, coquillage délicat, voile et filtre du regard.
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lundi 30 avril 2012

Les Soeurs



Les Soeurs, huile sur toile, 33X41 cm, mars 2012.

Le regard se multiplie, se dédouble. Deux soeurs. Miroir. L'une, habillée, a pourtant les pieds nus. L'autre, nue, est outrageusement vêtue de chaussettes mauves, comme la tunique chinoise de sa soeur. Portrait chinois ? Les pieds nus de l'une sont plantés bien parallèles au sol, tandis que l'autre croise les jambes sur la pointe des orteils. Les bras suivent cette diagonale. Reprenons : la soeur habillée se tient droite, les pieds écartés, plante nue, mais ses mains se croisent sous la table, à l'aine probablement, et là on ne sait plus. La soeur nue n'a a priori pour tout vêtement que ces chaussettes mauves, et ses jambes se croisent aux mollets avec nonchalance. Elle se tient moins droite que l'autre, les bras le long du corps, les mains sans doute appuyées sur le plateau de la chaise. Deux attitudes, deux destinées peut-être que symbolisent les coupes de fruits, l'une vide, l'autre pleine. Les visages disent tout le reste : la grâce ou la disgrâce, la réserve ou l'audace. Et la nappe, hommage à Frida Kahlo.
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La Chaise



La Chaise, huile sur toile, 27X41 cm, mars 2012.

Ceci n'est pas une chaise, ni même une jeune femme. C'est une lumière qui chauffe et réchauffe, le ventre et la poitrine, les cuisses et le cou, c'est une lumière dont l'intimité frappe et capte, là où notre regard ne peut se poser, là où seule, souveraine, elle peut aller. C'est une lumière qui nous oblige à la suivre là où seule l'imagination a droit de citer, comme le regard de cette jeune femme, comme celui plus subtil de la chaise qui lui sert d'assise au plus secret de sa lumière.  
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Dormeuse



Dormeuse, huile sur toile, 27X41 cm, février 2012.

Elle flotte, prise dans le grand défilement du sommeil, et nous offre le plus fragile d'elle-même, la plante de ses pieds, délivrés de toute apesanteur.
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L'Artiste



L'Artiste, huile sur toile, 27X41 cm, février 2012.

Jeu d'ombre et de lumière toujours, captation où cette fois l'artiste est prise elle-même, ayant posé sa palette mais non le pinceau qui fait lien, nudité et regard inversés, maître-modèle et autoportrait imaginaire dont seul le reflet nous parvient, à moins que ce ne soit la source.
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Chandelle



Chandelle, huile sur toile, 27X41 cm, février 2012.

Déliée d'elle-même, Sahshâ se met en quête d'intimité, de l'Autre. Elle pénètre l'ombre qui entoure, protectrice, cette inconnue dans la nuit, interrogative, tenant loin d'elle une autre chandelle, éteinte, la serrant à poing fermé comme une tentation qu'il faut peut-être délivrer, la tentation de passer de l'ombre à la lumière. Celle du plaisir sans doute, de la connaissance aussi. La vie est un art.
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Cheyenne



Cheyenne, huile sur toile, 24X33 cm, janvier 2012.

Les mémoires profondes se réveillent, une flamme s'élève de la Terre matrice, les soleils orange de Gauguin virent au rouge, Sahshâ se souvient de Celle qu'elle fut peut-être un jour, chamane au coeur irradiant, au sourire apaisant, à la poitrine pleine de vie. La flamme s'enroule autour du feu cardiaque, mais c'est le feu qui sort de la flamme. Troisième acte créateur.
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Matin du monde



Matin du monde, huile sur toile, 24X33 cm, janvier 2012.

Deuxième acte. Le visage s'est levé vers ce soleil primaire, presqu'aveugle encore mais plein d'étonnement. Assise, dans l'ombre et la boue, figure pariétale, bouleversante innocence, matin du monde d'une artiste qui s'ignorait encore, et qui n'en revient pas de naître. Sous le sein, de petits hommes semblent déjà vénérer Gaïa.
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vendredi 27 avril 2012

Salaze



Salaze, huile sur toile, 24X33 cm, janvier 2012

Salaze, en malgache salazane, signifie pieu. Ce sont trois salazes, trois sentinelles de pierre qui dominent les cirques de Mafate et de Cilaos, au coeur de l'île de la Réunion, où est née Sahshâ, et où elle peint ce premier tableau. Trois doigts pointés vers le ciel, sur une crête vertigineuse. Dans cet autoportrait symbolique, Sahshâ est la Salaze la plus proche du gouffre, et se détache peu à peu de l'ombre minérale, pour naître à la chair. Les bras serrés le long du corps, non encore déliés de la gangue, le regard plongeant vers l'abîme où toute création nous entraîne. Mais déjà le soleil primordial lui réchauffe l'épaule, une partie du visage, le sein. Premier acte. La naissance est à l'oeuvre.
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