Reflet, huile sur toile, 33X41 cm, mai 2012.
Je me suis assis dans le fauteuil vide, j'ai feuilleté l'un des deux livres posés sur le guéridon, regardé secrètement, de trois-quarts et en contre-plongée, cette jeune femme qui vient de se lever, belle, un doigt en marque-page dans le livre qu'elle lisait elle-même, tranquillement nue dans l'intimité de son monde intérieur ; pourquoi s'est-elle levée ? A-t-elle détecté ma présence, voulu vérifier dans le miroir suspendu la réalité de son reflet, après qu'une phrase, un mot peut-être l'eut intriguée sur ce qu'elle était, ce qu'elle montrait dans la vie, à elle et aux autres ? Je n'ose bouger. Le monde extérieur et sa lumière bruissent derrière le volet à moitié clos. Ce guéridon... Victor Hugo l'eût fait tourner. N'est-ce pas l'ombre d'un homme qui se dessine, là, rencognée dans la petite pièce, entre miroir et fenêtre ? Est-ce cette présence que la jeune femme a sentie, pressentie dans sa lecture silencieuse ? Ou bien la mienne, - la même peut-être -, moi qui la regarde, qui suis là secrètement. Non : elle se contemple, elle se rassure de sa propre image, elle va probablement se rasseoir, et je vais continuer à la regarder, dans cette pièce où je me sens désormais si bien, comme un fantôme paisible, à l'abri, reflet.
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