samedi 8 février 2014

Tsilaosa

    Tsilaosa, huile sur bois, 100 X 83 cm, janvier 2014.

Cilaos est l'un des trois cirques de la Réunion, chacun sait cela. Ce que l'on sait moins, c'est que son nom vient du malgache tsilaosa. Là, les avis divergent sur la signification à donner : "Le lieu d'où l'on ne revient pas", "Le lieu que l'on ne quitte pas", ou, "Le lieu où l'on est en sécurité" ? La racine viendrait aussi du nom d'un esclave qui y marronna, Tsilaos. Cela peut réconcilier toutes les traductions : c'était un refuge, et un lieu d'exil. La peinture, inspirée des lithographies d'Antoine Roussin (1819-1894), lui rend son aspect onirique, pour ne pas dire fantomatique. Rêve ou fantôme, cette Tsilaosa, cette esclave dont la magnifique silhouette au seuil du village semble inscrire dans la roche la mémoire de ses ancêtres, et veiller sur eux ? Rêve ou fantômes, ces personnages d'un autre âge qui vaquent à leurs occupations villageoises dans une présence translucide ? Les deux sans doute, car la Réunion ici convoquée par Sahshâ autour de la Mare à Joncs de Cilaos n'en épouse sans doute pas les contours historiques exacts... Et comme les fantômes aiment à hanter les lieux, à ces montagnes rêvées ont été ajoutées toutes sortes de maisons qu'on trouvait alors sur l'île, jusqu'à la cathédrale de Saint-Denis, transportée miraculeusement depuis la capitale... C'est alors une mémoire globale qui est restituée, celle d'un lieu qui, avec ses rêves et ses fantômes, sert de refuge à l'imagination, et d'ancrage à la nostalgie. On n'a pas envie d'en revenir, on s'y sent en sécurité...