jeudi 29 août 2013

Réincarnation



Réincarnation, huile sur toile, 30 cm, août 2013.

On voudrait se taire, finalement, devant ce tableau. La réincarnation est affaire privée. Cette femme n'est déjà plus là, elle est déjà ailleurs. En partance, pour une nouvelle vie, pour elle-même, annihilant toute mort. Elle flotte, dans les bleus du possible, dans le bleu des âges, comme l'âme qu'elle est toujours, incarnée, bientôt réincarnée. Femme-foetus, s'enfantant, se réenfantant. Vingtième tableau de Sahshâ, l'un des plus bouleversants. Premier tableau rond, comme un ventre, une bulle, un regard. L'inconnue est prête pour le grand voyage vers soi. Nous n'arrivons plus à la quitter des yeux. Même en les fermant.

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mardi 27 août 2013

Diane



Diane, huile sur bois, 80 X 80 cm, août 2013.

Qui est-elle, cette Diane africaine surgie de nulle part, du fin fond des âges, cette figure pariétale, chasseresse remontant vers la lumière, l'arc bandé, cette fille lointaine d'Icare, ou de Prométhée, défiant le soleil de sa flèche-esprit ? Anima-animus, l'énergie de ce tableau trouble notre âme, la bouleverse, par ses rouges, ses ors, sa fulgurance. Elle va droit au but, à la source, vers la cible intérieure, là où jamais on n'ose aller. Diane est de retour, regardons-la du fond des âges.
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samedi 17 août 2013

Le Brin d'herbe et l'éléphant



Le Brin d'herbe et l'éléphant, huile sur toile, 100 X 80 cm, août 2013.

Un recueil des conférences du Dalaï-Lama a été publié en 1990 en France sous le titre de Cent éléphants sur un brin d'herbe. L'intitulé original indiquait lui Kindness, Clarity and Insight. Une interprétation très libre, donc. C'est un peu comme découvrir le titre d'un tableau, comme traduire un tableau. A relire les enseignements de sagesse du Dalaï-Lama, on ne trouve d'ailleurs pas l'explication de cette histoire de cent éléphants sur un brin d'herbe. Une fantaisie de traducteur, probablement, à moins qu'on ait mal cherché. Mais qui peut s'expliquer de bien des façons : éloge de la lévitation, de la légèreté acquise, voyage cyclique entre microcosme et macrocosme, etc. Ce livre parle de vacuité. Et nous apprend que la vacuité n'est pas le vide, mais l'ouverture et l'interdépendance de toutes choses. L'éléphant est donc l'herbe qu'il mange, et l'herbe ne repousse que grâce aux excréments de l'éléphant, tel est le principe. Cette interdépendance de toutes choses est aussi ce qui frappe dans ce tableau. Frapper n'est pas le bon mot : ce qui apaise et absorbe, plutôt, ce qui pose, comme une méditation bouddhique. Un soleil (invisible) se couche, un croissant de lune apparaît, timidement caché derrière des nuages bientôt teintés de l'aura crépusculaire. Un triangle d'oiseaux s'éloigne vers l'Est. Deux autres volatiles, plus proches, viennent débarrasser le dos de l'éléphant de quelque insecte ou parasite. Interdépendance. Plus bas sur l'horizon, des nuages blancs et cotonneux bordent des rizières embrasées par le Couchant. Intimité lointaine. On distingue quelques silhouettes, épingles noires délicates de paysans qui y travaillent encore ; certains portent de l'eau, d'autres repiquent des plantules. La paysanne qui occupe essentiellement notre regard, elle, semble avoir délaissé ce dur labeur, et sa tunique, pour jouir des dernières lumières du jour. Elle mâchonne un brin d'herbe, la partie la plus légère de ce tableau, tandis que l' éléphant, l'élément le plus lourd, arrache quelques touffes de cette herbe, qui paraît brune et souple comme une chevelure sauvage. Eléphant d'Asie, sans défenses, ainsi qu'est notre nonchalante et pensive jeune femme. Un lézard rouge se montre, et la surveille admiratif, tandis qu'un papillon violet se pose sur l'épaule couleur de miel, lui échappant ainsi provisoirement. Tout est là, interdépendances, entre le brin d'herbe et l'éléphant, entre chaque événement du tableau. Vacuité de l'instant, qui se prolonge, qui s'éternise. Vacuité, oui, vacuité… 
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