jeudi 31 octobre 2013

La Voyageuse



La Voyageuse, huile sur bois, 78 X 66 cm, octobre 2013.

Elle est assise sur une caisse, la voyageuse. La tête penchée sur le côté, elle semble regarder au loin, à l’extérieur, ou bien à l’intérieur, par une porte ou une fenêtre. On ne sait trop où elle est. On ne sait trop où elle regarde. Sur ses genoux, une valise d’autrefois, de bois et de cuir. Elle est assise sur un petit chiffon rouge, lequel est posé sur la caisse, et elle est nue, entièrement nue, la voyageuse. De cela on est certain. Mais on ne sait pas pourquoi non plus. On se dit même, peut-être, qu’on est soi-même à l’intérieur de la caisse, comme dans un tableau boisé. Et que la voyageuse, par l’interstice, on l’a vue, là, juste au-dessus de nous, à l’intérieur du rêve.

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mardi 8 octobre 2013

La Jarre







La Jarre, huile sur bois, 66 X 78 cm, octobre 2013.

"Grand vaisseau de terre vernissée" (Littré)

lundi 23 septembre 2013

Bilitis



Bilitis, huile sur liège, 30 X 60 cm, septembre 2013.

"Je me suis dévêtue pour monter à un arbre ; mes cuisses nues embrassaient l'écorce lisse et humide ; mes sandales marchaient sur les branches.
Tout en haut, mais encore sous les feuilles et à l'ombre de la chaleur, je me suis mise à cheval sur une fourche écartée en balaçant mes pieds dans le vide.
Il avait plu. Des gouttes d'eau tombaient et coulaient sur ma peau. Mes mains étaient tachées de mousse, et mes orteils étaient rouges, à cause des fleurs écrasées.
Je sentais le bel arbre vivre quand le vent passait au travers ; alors je serrais mes jambes davantage et j'appliquais mes lèvres ouvertes sur la nuque chevelue d'un rameau. "
(Les chansons de Bilitis, L'arbre, Pierre Louÿs)
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mardi 10 septembre 2013

Le Nouvel Eden



Le Nouvel Eden, huile sur bois, 80 X 80 cm, septembre 2013.

"… à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme… puis… planta un jardin en Eden, du côté de l'orient… " Seulement, cette fois-ci, il réfléchit bien : il n'y aurait ni pomme ni serpent, ni arbre de la connaissance ni bannissement du paradis.  Une fois avait suffi. Il les créa donc à nouveau, d'or et d'airain, de chair divine. Et les voua à l'innocence éternelle. "… ils deviendront une seule chair. L'homme et la femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte". Il vit que cela était bon, que cela suffisait, qu'il était inutile de reproduire les erreurs du passé. La sagesse serait désormais charnelle, et pour longtemps. 

jeudi 29 août 2013

Réincarnation



Réincarnation, huile sur toile, 30 cm, août 2013.

On voudrait se taire, finalement, devant ce tableau. La réincarnation est affaire privée. Cette femme n'est déjà plus là, elle est déjà ailleurs. En partance, pour une nouvelle vie, pour elle-même, annihilant toute mort. Elle flotte, dans les bleus du possible, dans le bleu des âges, comme l'âme qu'elle est toujours, incarnée, bientôt réincarnée. Femme-foetus, s'enfantant, se réenfantant. Vingtième tableau de Sahshâ, l'un des plus bouleversants. Premier tableau rond, comme un ventre, une bulle, un regard. L'inconnue est prête pour le grand voyage vers soi. Nous n'arrivons plus à la quitter des yeux. Même en les fermant.

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mardi 27 août 2013

Diane



Diane, huile sur bois, 80 X 80 cm, août 2013.

Qui est-elle, cette Diane africaine surgie de nulle part, du fin fond des âges, cette figure pariétale, chasseresse remontant vers la lumière, l'arc bandé, cette fille lointaine d'Icare, ou de Prométhée, défiant le soleil de sa flèche-esprit ? Anima-animus, l'énergie de ce tableau trouble notre âme, la bouleverse, par ses rouges, ses ors, sa fulgurance. Elle va droit au but, à la source, vers la cible intérieure, là où jamais on n'ose aller. Diane est de retour, regardons-la du fond des âges.
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samedi 17 août 2013

Le Brin d'herbe et l'éléphant



Le Brin d'herbe et l'éléphant, huile sur toile, 100 X 80 cm, août 2013.

Un recueil des conférences du Dalaï-Lama a été publié en 1990 en France sous le titre de Cent éléphants sur un brin d'herbe. L'intitulé original indiquait lui Kindness, Clarity and Insight. Une interprétation très libre, donc. C'est un peu comme découvrir le titre d'un tableau, comme traduire un tableau. A relire les enseignements de sagesse du Dalaï-Lama, on ne trouve d'ailleurs pas l'explication de cette histoire de cent éléphants sur un brin d'herbe. Une fantaisie de traducteur, probablement, à moins qu'on ait mal cherché. Mais qui peut s'expliquer de bien des façons : éloge de la lévitation, de la légèreté acquise, voyage cyclique entre microcosme et macrocosme, etc. Ce livre parle de vacuité. Et nous apprend que la vacuité n'est pas le vide, mais l'ouverture et l'interdépendance de toutes choses. L'éléphant est donc l'herbe qu'il mange, et l'herbe ne repousse que grâce aux excréments de l'éléphant, tel est le principe. Cette interdépendance de toutes choses est aussi ce qui frappe dans ce tableau. Frapper n'est pas le bon mot : ce qui apaise et absorbe, plutôt, ce qui pose, comme une méditation bouddhique. Un soleil (invisible) se couche, un croissant de lune apparaît, timidement caché derrière des nuages bientôt teintés de l'aura crépusculaire. Un triangle d'oiseaux s'éloigne vers l'Est. Deux autres volatiles, plus proches, viennent débarrasser le dos de l'éléphant de quelque insecte ou parasite. Interdépendance. Plus bas sur l'horizon, des nuages blancs et cotonneux bordent des rizières embrasées par le Couchant. Intimité lointaine. On distingue quelques silhouettes, épingles noires délicates de paysans qui y travaillent encore ; certains portent de l'eau, d'autres repiquent des plantules. La paysanne qui occupe essentiellement notre regard, elle, semble avoir délaissé ce dur labeur, et sa tunique, pour jouir des dernières lumières du jour. Elle mâchonne un brin d'herbe, la partie la plus légère de ce tableau, tandis que l' éléphant, l'élément le plus lourd, arrache quelques touffes de cette herbe, qui paraît brune et souple comme une chevelure sauvage. Eléphant d'Asie, sans défenses, ainsi qu'est notre nonchalante et pensive jeune femme. Un lézard rouge se montre, et la surveille admiratif, tandis qu'un papillon violet se pose sur l'épaule couleur de miel, lui échappant ainsi provisoirement. Tout est là, interdépendances, entre le brin d'herbe et l'éléphant, entre chaque événement du tableau. Vacuité de l'instant, qui se prolonge, qui s'éternise. Vacuité, oui, vacuité… 
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samedi 11 mai 2013

Les Trois Parques



Les Trois Parques, huile sur toile, 60 X 50 cm, mai 2013.


On pourrait en effet nommer ces trois jeunes femmes à leur toilette : Nona, Decima et Morta, les trois Parques, si ces trois-là ne filaient entre leurs doigts l'eau lustrale du bain plutôt que le destin cotonneux des Hommes. Elles méritent dès lors des noms plus doux que celui du non à la vie, de la décimation, de la mort. A chacun de les appeler au coeur de soi, cela restera secret. On aurait pu aussi considérer les trois petits singes (mais d'autres se cachent dans le tableau), en avant de cette scène théâtrale et intime, les représentants de ceux qui ne veulent ni voir, ni entendre, ni dire. Las, ces petits hommes sont pour l'un solitaire et triste dans son coin, pour les deux autres fort occupés dans un épouillage plein de roses. On pourrait aussi faire cette lecture freudienne des trois colonnes phalliques, mais ce n'est pas notre genre. Et la belle perspective, le vol plongeant de l'aigle sur l'océan qui moutonne et porte une voile carrée ? Et cette lumière nouvelle dans les tableaux de Sahshâ ? Ce sable blond et ce bleu méditerranéen ? Là oui : c'est presque une réminiscence, l'ouverture sur un passé enfoui, ressurgi d'on ne sait où, de quelle vie antérieure ou de quel rêve inconnu, sinon de l'envie de peindre, à nouveau, toute la vie, et la douceur de vivre. 
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